Par Josué Aruna
Président Provincial de la société civile environnementale Sud-Kivu et Directeur Exécutif de l’ONG Congo Basin Conservation Society CBCS-Network.
- PRÉAMBULE

Dans le contexte actuel de la gestion durable des ressources naturelles d’après l’UICN (Union Internationale de la Conservation de la Nature), la participation de toutes les parties prenantes (pouvoir politique, société civile, communauté locale, peuple autochtone, etc.) est d’une importance très capitale. C’est pourquoi aujourd’hui le monde entier reconnait également que l’atteinte d’un développement passe par un accès à tous aux ressources naturelles et un partage équitable des avantages découlant de l’utilisation de ces ressources génétiques. L’accompagnement et l’encadrement des communautés locales en vue de leur implication dans les processus de conservation des écosystèmes et de gestion durable des ressources naturelles constituent ainsi un moyen susceptible de booster un développement socioéconomique et écologiquement soutenu. Cependant l’efficience et la réussite de cette gestion participative des ressources et de ces écosystèmes naturels nécessitent ainsi des efforts conjugués au niveau politique et scientifique ainsi que communautaire. Des avancées significatives dans la mise en application des traités/conventions ratifiés par la RDC doivent ainsi être réalisées au niveau politique du pays. Au niveau communautaire et sociétal, le renforcement du processus de conservation et de gestion durable des ressources naturelles nécessite la contribution des acteurs capables de mobiliser les leaders et masses locaux pour leur implication et appropriation du processus de conservation, protection de la nature et d’apporter des initiatives d’une gestion durable des ressources naturelles au profit des générations présentes et futures.
C’est dans ce contexte qu’en date du 29-30 Juin 2020 dernier la Société Civile sous le lead de l’ONG Congo Basin Conservation Society (CBCS) a organisé un dialogue politique sur les ressources naturelles au Sud-Kivu. Ces assisses ayant réuni les parties prenantes dont les services techniques du Gouvernement provincial et le ministère provincial de l’environnement, les organisations de la société civile membres de la coalition de plaidoyer sur les ressources naturelles en RDC basées dans la province du Sud-Kivu, les représentants des universités locales et les chefs de sites des parcs et réserves Au Sud-Kivu sous la gestion de l’ICCN. Ces assises ont eu lieu à Bukavu avec l’appui du fonds mondial pour la nature (WWF, en sigle) à travers le projet « Diriger le changement ».
L’un des objectifs de ce dialogue politique organisé par la société civile environnementale, était d’évaluer le niveau de réalisation atteint par le Gouvernement Provincial du Sud-Kivu en particulier et de la RDC en général, sur les différentes Conventions Internationales (CDB, CITES, RAMSAR, la Convention des Nations Unies sur le climat, Convention sur les Espèces Migratrices, Convention des Nations Unies pour Combattre la désertification, Convention sur le Patrimoine Mondial, etc.).
2. IMPACT DRAMATIQUE DE L’EXPLOITATION DU BOIS ROUGE A L’EST DE LA RDC.
A l’issue de ce dialogue, sur les aires protégées au Sud-Kivu et Maniema et selon les alertes fournies par les comités d’alertes qui sont des structures de gouvernance des ressources naturelles opérationnelles mises en place au Sud-Kivu sous forme d’observatoire sur les ressources naturelles à l’initiative de la Société Civile Environnementale et Agro-Rurale du Congo SOCEARUCO sous le leader de l’ONG Congo Basin Conservation Society CBCS, il s’est observé avec amertume qu’une exploitation illégale du bois rouge en provenance du paysage des réserves de LWAMA-KIVU, NGANDJA, ET LA RESERVE NATURELLE D’ITOMBWE.
De centaines de tonnes de bois rouge sont coupés dans ces paysages forestiers de l’Est de la RDC et envoyés directement dans les pays limitrophes de la RDC. Signalons que depuis 2018 le journal Jeune Afrique avait fait les mêmes alertes sur l’exploitation illégale du bois rouge à l’Est de la RD Congo. D’après les comités d’alerte la situation ne fait que s’aggraver. Dans la région ces grumes de bois sont utilisées dans la pharmacopée traditionnelle et comme colorant, cependant ce n’est pas pour ces propriétés-là qui suscitent la convoitise de marché international. Il compte en effet parmi les essences rassemblées sous vocable trompeur de « bois rose » très appréciés par le marché Asiatique pour la fabrication des meubles de luxe.
Ces bois sont très souvent stockés et transitent par le port de Mushimbaki dans le lac Tanganyika à FIZI en passant par l’île d’Ubwari et quelque fois au port de Kalundu à Uvira. Ces tonnes de bois rouge sont acheminées directement vers la Tanzanie, la Zambie, le Burundi et d’autres destinations extérieures inconnues.
Malheureusement, cette exploitation illégale se fait à l’insu du gouvernement provincial et national mais nous constatons qu’il y a une complicité des services de tutelle affectés dans les deux ports de transit dont la DGM et la police de frontière qui pourrait jouer le rôle de l’application de la CITES sur le commerce illégal provenant de ces aires protégées.
Malgré l’interdiction du bois rouge et d’autres essences par le ministre national de l’environnement et Développement Durable son Excellence Maitre Claude Nyamugabo, sur l’exploitation illégales des bois dans plusieurs provinces notamment sur le bassin du fleuve Congo. Ces mesures ne s’appliquent pas aussi au Sud-Kivu et Maniema. Pour cette raison Nous demandons la descente du personnel technique du ministère et ou son excellence Monsieur le Ministre lui-même pour s’enquérir de la situation et mettre fin cette exploitation illégale du bois rouge interdit par la CITES.
La société civile environnementale fait un constat en sorte que la CITES souffre de sa mise application au vue des tonnes de bois rouges en circulation vers la Tanzanie, Burundi, et vers la Zambie à partir de la province du Sud-Kivu.
3. DE NON APPLICABILITE DU CODE FORESTIER EN RDC.
En République Démocratique du Congo il existe un Code forestier promulgué et vulgarisé.
Ce nouveau code forestier impose aux détenteurs de permis d’exploitation forestière de s’engager dans le processus de gestion durable à travers des plans d’aménagement. Cependant, la RDC ne dispose pas d’informations fiables suffisantes sur son patrimoine forestier en termes de disponibilité et d’aires de répartition des essences dont les bois rouge une espèce sur la liste rouge de l’UICN.
Cette situation est préjudiciable à la mise en place d’une stratégie de développement durable de la filière, mais aussi ça piétine la convention CITES qui invite les parties contractantes dont la RDC « de reconnaitre que la faune et la flore sauvages constituent de par leur beauté et leur variété un élément irremplaçable des systèmes naturels, qui doit être protégé par les générations présentes et futures » mais aussi de prendre les mesures appropriées en vue de la mise en application des dispositions de la Convention CITES à l’intérieur du pays ainsi que pour interdire le commerce en violation de ses dispositions légales.
Autre chose qui est déplorable est que cette pratique d’exploitation illégale du bois rouge se passe dans les aires protégées de la LWAMA-KIVU de NGANDJA et la Réserva Naturelle d’Itombwe (RNI), malgré l’existence de la loi sur la conservation de la nature en RDC.
Ces commerces illégaux ont été intercédés par la Coalition des Organisations de La Société Civile pour le Plaidoyer en faveur de La Conservation des Ressources Naturelles dans la Région des Grands Lacs – En Sigle : COSPGL-RN (GLACC-RN). Ce travail en réseau a mis en place 6 groupes thématiques ((1) accords régionaux et lois, (2) protection des écosystèmes et habitats (bois, forêts et eau), (3) pétrole, gaz et ressources minières, (4) activités génératrices de revenu, développement communautaire, droits des peuples autochtones et tourisme, (5) commerce, infrastructure et développement du partenariat, (6) recherche, genre et éducation) qui s’occupent de Plaidoyer en faveur de la conservation des Ressources Naturelles
Conclusion
Cette alerte qui est l’œuvre de la grande coalition de la société civile dans la Région lacs pour aider les Etats membres à répondre de leur engagement au regard des différents et conventions internationales ratifiés. Notons qu’il faut plus de 90 ans pour que cette espèce du bois rouge atteigne sa maturité d’exploitation. Ils sont victimes d’être écoulé et vendus malgré étant dans les paysages des réserves naturelles sous statut de conservation.
Cette alerte veut que les grandes les institutions du monde d’interpeller les pays de la région des grands lacs au respect des conventions internationales sur le commerce des espèces rares en voie de disparition.
Nous devons tous être « Débout pour la nature ».